Par Marie-Claude Fortier, Service des archives de la Congrégation de Notre-Dame

* Vous trouverez également ce texte sur le blogue Convergence

Comme vous le savez, l’Association des archivistes du Québec a malheureusement dû annuler son 49e congrès en raison de la situation exceptionnelle à laquelle nous faisons face actuellement. Le congrès, qui devait se tenir du 27 au 29 mai 2020, devait avoir lieu à l’Hôtel PUR de Québec. Saviez-vous que cet hôtel se situe sur le site d’un ancien couvent de la Congrégation de Notre-Dame ? Fondée à Montréal par Marguerite Bourgeoys, elle est la première communauté religieuse féminine non cloîtrée en Amérique du Nord. Deux premières religieuses s’établissent à Québec dès 1686.

Une fondation éprouvante

Situé aux abords de la rivière Saint-Charles, Saint-Roch compte parmi les plus anciens faubourgs de la ville de Québec. Le site de l’Hôtel PUR, niché au cœur de ce quartier, est doté d’une riche histoire. Le couvent de Saint-Roch ouvre ses portes en 1844. Dès l’année suivante, un incendie ayant débuté dans une tannerie fait une cinquantaine de morts et ravage l’intégralité du quartier à l’exception de deux bâtiments dont le couvent. Deux autres incendies font rage en 1866 et 1870 mais le couvent s’en tire chaque fois sans trop de dommages. Malgré ces épreuves, le quartier Saint-Roch voit sa population s’accroître à partir des années 1870. Le couvent profite de cette prospérité et le nombre d’élèves inscrites ne cesse d’augmenter. Conséquemment, des travaux d’agrandissement sont entrepris en 1890.

Un vent de prospérité

Le couvent de Saint-Roch devient rapidement une institution renommée pour la qualité de son éducation. Les élèves y sont reçues majoritairement comme pensionnaires et peuvent y suivre une formation en français et en anglais avec des cours variés comme l’arithmétique, l’histoire, la botanique et l’étude du globe-terrestre. L’enseignement de la musique y est aussi à l’honneur. En 1914, le couvent obtient son affiliation avec l’Université Laval.

Dans la première moitié du 20e siècle, le quartier Saint-Roch est à son apogée. Sur la rue Saint-Joseph, c’est l’époque des grands magasins à rayons et des salles de spectacles hautement fréquentés. La majorité de la population de Québec vit en basse-ville à cette époque et, par son emplacement, le couvent est à l’épicentre de toute cette activité. En 1912, l’édifice vétuste n’offre plus l’espace suffisant pour recevoir les quelque trois cent cinquante élèves et trente-neuf religieuses qui y vivent. Il est démoli, puis reconstruit sur le même terrain.

Une période d’adaptation

À partir des années 1950, le quartier Saint-Roch voit sa population diminuer considérablement et le nombre d’élèves qui fréquentent le couvent est également en déclin. En 1958, la Congrégation décide d’ouvrir un établissement de formation des enseignantes au sein du bâtiment : l’École normale Notre-Dame-de-Québec. D’importants travaux de transformation des locaux sont alors entrepris. À sa première année d’existence, l’école accueille soixante-cinq étudiantes. Cinq ans plus tard, elles sont plus de deux cent soixante-dix. Cet accroissement est de bien courte durée cependant puisque l’école ferme définitivement ses portes en 1970. Les religieuses quittent le bâtiment du quartier Saint-Roch après 130 ans au service de l’éducation des femmes. Celui-ci est détruit quelques années plus tard pour faire place à un hôtel. La mission des religieuses de la Congrégation de Notre-Dame s’est poursuivie dans d’autres établissements de Québec.

Le premier bâtiment ayant logé le couvent de Saint-Roch, Québec, [entre 1850 et 1912]. Archives Congrégation de Notre-Dame – Montréal (315.850).

Une salle de classe au couvent de Saint-Roch. L’enseignement des sciences y est prodigué dès le 19e siècle, Québec, [entre 1926 et 1940]. Archives Congrégation de Notre-Dame – Montréal (850.000.146, page 399 c).

Vue en plongée sur le couvent de Saint-Roch prise depuis le Quebec Railway Building, Québec, [ca 1912]. Photographie : Philippe Gingras. Archives Congrégation de Notre-Dame – Montréal (315.850).

Sœur Sainte-Françoise-Aline (Françoise Payette) pose sur le toit de l’École normale. On reconnaît la rosace de l’église Saint-Roch en arrière-plan, Québec, [mars 1961]. Archives Congrégation de Notre-Dame – Montréal (315.850.242, page 46 b).

Sources consultées :

L369 – 315.850 Fonds du couvent de Saint-Roch, Archives de la Congrégation de Notre-Dame.

Ouvrages imprimés :

Morisset, Lucie K. 2001. La mémoire du paysage: histoire de la forme urbaine d’un centre-ville ; Saint-Roch, Québec. [Sainte-Foy, Québec]: Presses de l’Université Laval.

Gamache, J. Charles. 1929. Histoire de Saint-Roch de Québec et de ses institutions : 1829-1929. Québec : Imprimeurs Charrier et Dugal, ltée.

Articles de périodiques en ligne :

Dechêne, Louise. Mars 1981. La rente du faubourg Saint-Roch à Québec – 1750-1850. Revue d’histoire de l’Amérique française, volume 34, numéro 4. Repéré à https://www.erudit.org/fr/revues/haf/1981-v34-n4-haf2321/303905ar.pdf [consulté le 29 janvier 2020].

Hardy, Jean-Pierre. 1983. Niveaux de richesse et intérieurs domestiques dans le quartier Saint-Roch à Québec, 1820-1850. Material Culture Review, 17. Repéré à https://journals.lib.unb.ca/index.php/MCR/article/view/17152/22837 [consulté le 29 janvier 2020].